• John Bowlby 1907- 1990

    Les grands courants de psychologie : La théorie éthologiste, elle met l'accent sur les conduites programmées pouvant être déclenchées par les stimuli de l'environnement.


    Bowlby voyait sa mère 1 heure par jour environ. Elle considérait que l’attention et l'affection parentales étaient néfastes pour les enfants. Bowlby a eu la même nourrice jusqu'à 4 ans quand elle quitta la famille, il vécu cette séparation comme aussi tragique que la perte d'une mère. À 7 ans, il partit en internat, ce fut une terrible épreuve.

    Il avait donc une sensibilité particulière pour la douleur des enfants.

     

    L'attachement

    L'origine du concept d'attachement

    Bowlby démontre l’importance capitale d’un besoin d’une relation chaleureuse, intime et continue entre l’enfant et sa figure maternelle suite à ses observations sur la santé mentale d'orphelins après la seconde guerre mondiale pour l'OMS.

    Les conséquences psychologiques des carences de soins maternels sont une absence de concentration intellectuelle, une inaccessibilité à l’autre ou encore une absence de réactivité émotionnelle.

     

    Le système d’attachement : une théorie de la relation

    Ce n’est que lorsque les besoins d’attachements sont satisfaits que le jeune enfant peut s’éloigner en toute sécurité de sa figure d’attachement pour explorer le monde qui l’entoure.

    L’attachement représente ainsi un lien affectif et durable entre l’enfant et sa figure d’attachement et est caractérisé par la tendance du jeune enfant à rechercher la sécurité et le réconfort auprès de cette figure en période de détresse.

    Selon Bowlby, ce lien d’attachement, une fois intériorisé, servirait par la suite de modèle à toutes les relations intimes et sociales du sujet.

     

    Les comportements et les étapes du développement de l’attachement

    De multiples séparations initiées par la figure maternelle ou par l’enfant sont observables dans la vie quotidienne sans qu’aucune d’elles n’engendre des réactions pathologiques. Ces séparations semblent normales et même essentielles au développement de l’enfant en particulier pour son autonomie et sa sociabilité.

     

    5 types de comportement favorisant l’attachement

    Le nouveau-né est doté de systèmes comportementaux prêts à être activés
    - Pleurer

    - Sourire
    - S'aggripper(grasping)
    - Succer
    - Suivre des yeux
    La violence peut être comprise comme un comportement d’attachement dans le sens où l’enfant a appris à l’utiliser pour avoir de l’interaction.

     

    Les phases d’attachement
    - Entre 0 et 3 mois, le nourrisson n'a pas de figure d'attachement particulière, l'essentiel est d'avoir un adulte à proximité. (caregiving = soins)

    - Entre 3 et 6 mois, le bébé choisit une figure d’attachement.
    - Entre 6 et 24/36 mois, la figure d'attachement est non substituable.

    - A partir de 2 ou 3 ans, les attachements se multiplient.


    Les 4 types d'attachement

    L’attachement sécure

    La figure d’attachement est réceptive, sensible aux besoins de son enfant.

     

    L'enfant sécure recherche le réconfort de sa figure d’attachement au moment de la séparation, proteste voire manifeste de la détresse, mais se calme facilement dès son retour, manifeste un certain plaisir et est capable de reprendre des activités exploratoires une fois rassuré.

    Avant un an, l’enfant sécure demande beaucoup de proximité physique. Il sera ensuite le plus autonome car il aura acquis une sécurité interne.

     

    L'adulte sécure (52 % de la population) ou autonome est une personne qui est à l’aise à l’idée de se rapprocher des autres et n’éprouve pas de difficulté à se laisser soutenir par eux en cas de besoin.

     

    L’attachement insécure évitant

    La figure d’attachement apparaît comme détachée et peu disponible pour répondre aux besoins de son enfant.

     

    L'enfant insécure évitant ne semble pas pouvoir développer une base de sécurité en relation avec sa figure maternelle et peut donner une impression d’indépendance précoce. Au moment de la séparation, l’enfant ne se tourne pas vers sa figure d’attachement et tente de masquer sa détresse émotionnelle par un détachement face à la situation et un accrochage à l’environnement physique. Au retour de la figure d’attachement, il feint un comportement d’indifférence ou évite le contact avec elle en restant concentré davantage sur ses jouets. Il est contraint d’adopter une autonomie précoce comme stratégie de survie.

    L’attachement évitant renvoit à l’échec du Holding (Winnicott).

     

    L’adulte insécure évitant (17% de la population) est inconfortable dans une relation intime et profonde ainsi qu’anxieux dans des situations de rapprochement. Il perçoit la relation avec autrui comme une proximité menaçante car elle risque d’éveiller la peur d’être rejeté. Il a confiance en soi mais pas en les autres, ce qui le fait réagir par une certaine distance et un évitement dans les relations intimes.

     

    L’attachement insécure ambivalent

    La figure d’attachement a des réactions imprévisibles et incohérentes, elle peut se montrer autant ignorante que réceptive aux besoins de son enfant.

     

    L’enfant insécure ambivalent proteste au moment de la séparation et ne peut pas être rassuré, ce qui rend difficile la possibilité d’explorer son environnement et d'accéder à l'autonomie. Il n’est pas davantage apaisé au retour de sa figure d’attachement et adopte une attitude vacillant entre recherche de contact et de résistance.

     

    L’adulte insécure ambivalent (11% de la population) a une faible confiance en lui. Il est à la recherche constante d’un contact avec le partenaire amoureux qu'il idéalise, il a une réactivité émotionnelle intense et un faible niveau d’autonomie marqué par la peur d’être abandonné.

     

    L’attachement désorganisé

    La figure d’attachement est maltraitante.

     

    L’enfant insécure désorganisé présente des attitudes contradictoires, inconsistantes et souvent déroutantes. Il peut s’agripper à la figure d’attachement tout en détournant le regard ou pleurer à son départ sans vouloir s’en rapprocher. Cela témoigne d’un défaut de construction de stratégie d’attachement cohérente.

     

    L’adulte insécure désorganisé (20% de la population) présente également des attitudes contradictoires ou incompréhensibles.

     


    Bibliographie


    Attachement et perte : Vol. 1 L’attachement - Bowlby, J. (1978)

    Attachement et perte : Vol. 1 La séparation, angoisse et colère - Bowlby, J. (1978)

    Attachement et perte : Vol. 1 La perte, tristesse et dépression - Bowlby, J. (1978).

    Amour et rupture : les destins du lien affectif- Bowlby, J.

    Le lien, la psychanalyse et l'art d'être parent - Bowlby, J.


     


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  • Donald Woods Winnicott 1896 - 1971

     

    Pédiatre, psychiatre et psychanalyste britanique, il cultivait le respect de l’autre.

    Il anima des émissions radiophoniques à la BBC (1939 – 1962).

    Héritier des thèses freudiennes et intègre à sa pensée les avancées théoriques de M. Klein.

    Il a une vision optimiste qui est souvent opposée à la vision tourmentée de Mélanie Klein.

     

    La mère est à prendre au sens large, c'est la personne qui s'occupe de l'enfant

     

    La relation mère-enfant

     

    - La dépendance absolue de 0 à 5 mois

    Le nourrisson est dans un état de dépendance absolue. L'environnement doit répondre totalement à ses besoins.

     

    - La dépendance relative de 6 mois à 2 ans

    L'enfant commence à être conscient de sa dépendance. Il ressent corporellement le lien entre besoin et satisfaction. Petit à petit il va pouvoir signaler lui-même ses besoins.

     

    - Vers l'indépendance de 2 à 3 ans

    L'enfant acquiert progressivement les moyens de se passer de soins et peut affronter les autres. Il a confiance dans l'environnement, c'est le développement de la socialisation.

     

    La capacité de bébé à être seul

    Lorsque le petit est seul en présence de sa mère, dans une atmosphère chaleureuse, il peut se détendre. Il est important qu'un adulte soit là sans rien exiger.

     

    La préoccupation maternelle primaire

    C'est la capacité pour la mère de s'identifier aux besoins de son bébé afin de savoir à tout moment ce dont il a besoin. Elle perçoit les micro mouvements de son enfant par empathie lorsque celui ci commence à se réveiller. Cet état anormal et passager de fusion procure au nourrisson un environnement suffisamment bon pour qu’il se développe correctement.

     

    The good enough mother (mère suffisamment bonne)

    L’idée de mère suffisamment bonne vient du fait qu’elle ne doit pas l’être trop, une mère qui aime normalement son enfant est une bonne mère. L’enfant a besoin d’éprouver un manque pour sentir ses besoins et agir. Si les parents comblent tous les besoins avant qu’ils se présentent, cela ne laissera pas à l’enfant l’occasion d’éprouver du désir. Il se fait alors l’objet du désir de l’autre.

    Il est important à ce niveau de comprendre qu’on ne peut pas rattraper sa propre enfance à travers celle de l’enfant. L’enfant doit apprendre à être soi, tout seul, en présence de l’autre.

    La mère suffisamment bonne est celle qui est capable de suivre les possibilités de son enfant,à faire face à la frustration ni trop longtemps absente, ni trop possessive ou envahissante.

    L'enfant devient capable de se représenter sa mère comme extérieur à lui et de garder son souvenir vivant en lui le laps de temps de son absence.

    Il y a la mère qui apporte l'affection et celle qui le frustre. Ce n'est que petit à petit qu'il intègre que ces deux aspects de la mère appartiennent à la même personne. La mère doit être fiable, la répétition d'expériences apaisantes (après la crise, l'enfant retrouve sa mère) amène l'enfant à la certitude qu'il ne perd pas sa mère, que le lien est indestructible.

     

    La mère insuffisamment bonne peut l'être de diverses manières

    Une empathie excessive et prolongée au-delà du nécessaire empêche l'enfant de se différencier de sa mère, de ressentir le manque et empêche l'émergence du désir.

    La substitution des besoins de la mère à ceux de l'enfant peut le contraindre à s'y soumettre. L'interprétation des besoins de l'enfant en fonction des siens peut le forcer à développer un faux-self ou à devenir le psychiatre de celle-ci, ce cas se rencontre notamment quand la dépression de la mère prend trop de place et qu'elle n'est plus réceptive aux besoins de son enfant, trop happée par sa propre souffrance.

     

    L'objet transitionnel

    Quand il va se coucher, le bébé a besoin d’emporter avec lui un doudou, plus tard il l'emmènera à l’école. Cet objet est transitionnel : entre le jour et la nuit, entre la présence maternelle et son absence, entre ce que le bébé saisit de sa mère au-dehors de lui et ce qui demeure d’elle au-dedans de lui.

    L’objet est double, il est à la fois la mère et le bébé, dans son odeur se mêlent l’identité propre de l’un et l’autre. C’est pourquoi il ne faut jamais le laver, il perdrait sa nature. Quand l’enfant emporte son doudou loin de la maison, il sent que sa maman lui donne toujours la main et que, lui aussi, est toujours avec elle. L'enfant y recourt principalement en l'absence de sa mère pour se sécuriser.

    L'objet transitionnel est voué à un désinvestissement progressif.

     

    Le jeu

    Le jeu est spontané et universel. Le nourrisson joue dès qu’il est capable de posséder un objet non-moi . L’objet transitionnel autorise ce jeu, qu’il peut soumettre à sa toute-puissance, de la présence ou de l’absence de sa mère. C’est par le jeu que l’enfant entre en contact avec son sentiment d’exister et son sentiment d’identité, qu’il met en scène au-dehors de lui ce qui se trame au-dedans, et c’est pourquoi il a une si grande valeur dans son évolution psychique. Par le jeu il peut se créer des amis et donc se socialiser.

    Winnicott distingue le jeu (game) qui peut être organisé socialement, et l’activité beaucoup plus essentielle de jouer (playing). Jouer est un acte créateur qui permet une infinité de variations, alors que les jeux de société ou éducatifs sont beaucoup plus limités.

     

    Self et faux-self

    Le self comprend ce qui provient seulement du moi (les gestes spontanés, les tendances innées).

    Lorsque l’enfant n’a pu bénéficier d’une attention maternelle suffisante, il n’a donc pas pu entretenir cette aire d’illusion créatrice produite par le jeu et l’objet transitionnel, il va se "sur-adapter" à son environnement. Au lieu de se sentir compris, il se conformera au désir de l’autre en oubliant le sien. On pourra penser de cet enfant qu’il est poli et bien adapté mais, au fond de lui, demeurera un manque : celui d’avoir dû s’adapter à l’autre avant que l’autre ne s’adapte à lui. Il aura alors le sentiment de ne pas être lui-même, d’être un faux self.

    Le faux-self est celui que l'éducation oblige à acquérir pour entretenir des relations civilisées - "Si tu es comme ci, tu seras un gentil garçon"... - ou qui se met en place face à des carences de l'objet maternel auxquelles le nourrisson est forcé de se soumettre sous peine de le détériorer plus encore. l’enfant doit alors s’adapter à son environnement au détriment de son propre développement personnel.

    Les défaillances de l'environnement provoquent un clivage entre le vrai self, qui reste caché, à l'abri et qui ne s'exprime plus, et le faux-self, apparent, qui prend de plus en plus le dessus jusqu'à se confondre avec le sujet.

     

    Winnicott identifie trois fonctions maternelles

    Elles sont indispensables pour le développement harmonieux de l'enfant

     

    Le Holding (to hold = tenir, maintien)

    Le maintien physique de l'enfant par sa mère détermine le processus de maturation de l'enfant.

    L'adulte doit porter le bébé en obtenant sa coopération, en le soulevant délicatement sans le faire sursauter, répondre au besoin de sécurité et de contact de l'enfant, en le maintenant avec douceur, répondre au besoin de continuité dans les soins en donnant un rythme répétitif et régulier au holding.

     

    Le Handling (to handle = gérer, maniement)

    C'est la manipulation de l’enfant, la façon d’agir sur lui dans le cadre du soin (nourrissage, toilette, soin du cordon). La mère doit tenir compte de la très grande sensibilité de la peau de l'enfant. Celle-ci va devenir progrseeivement la frontière entre le moi et le non-moi du nourrisson.

     

    L'Object presenting (présenter)

    C’est la capacité de la mère à mettre à disposition de l’enfant, l’objet, pour lui permettre d’avoir l’impression de l’avoir crée, elle permet à l'enfant de lui attribuer une existence réelle mais aussi d'éprouver l'illusion qu'il crée l'objet. Il fait l'expérience de l'omnipotence, autrement dit de la toute-puissance.

    L’object presenting aide l’enfant à découvrir le monde progressivement. L’enfant préfère des présentations simples d’objets ayant un connotation affective plutôt qu’une culture froide et impersonnelle.

     

    Le rôle de l'EJE vu par Winnicott

    Elle doit continuer la tâche de la mère. Il faut éviter tout contact impersonnel et tout geste mécanique, ressentis par l'enfant comme de l'hostilité à son égard.

    Le jeune enfant a en général des difficultés à partager la personne qui s'occupe de lui avec d'autres enfants, il ne peut vraiment l'accepter que lorsqu'il est capable d'avoir des relations avec plusieurs personnes.

     

    Extrait

    "Pour commencer, je pense que vous serez soulagée d'apprendre que je n'ai pas l'intention de vous indiquer ce que vous devez faire. Je suis un homme et, par conséquent, je ne peux pas savoir réellement ce que c'est que de voir là, emmitouflé dans un berceau, un petit morceau de ma personne, un petit morceau de moi ayant une vie indépendante et qui, peu à peu, devient une personne. Seule une femme peut vivre cette expérience. (...). Parmi les choses courantes que vous faites, vous accomplissez tout à fait naturellement des choses très importantes. Ce qui est beau ici, c'est qu'il n'est pas nécessaire que vous soyez savante ; vous n'avez même pas besoin de penser si vous ne le désirez pas. Peut-être avez-vous été désespérément mauvaise en arithmétique à l'école, peut-être toutes vos amies ont-elles eu des bourses, mais vous n'aimiez pas la vue d'un livre d'histoire, ce qui fait que vous n'auriez pas réussi même si vous n'aviez pas eu la rougeole juste avant l'examen. Peut-être encore êtes-vous vraiment savante. Peu importe toutefois, cela n'a rien à voir avec le fait que vous soyez ou non une bonne mère. Si un enfant peut jouer avec une poupée, vous pouvez être une mère normalement dévouée et je suis persuadé que vous êtes cela la plus grande partie du temps. N'est-il pas étrange qu'une chose d'une aussi grande importance dépende si peu d'une intelligence exceptionnelle !"

     

    Bibliographie

    WINNICOTT (1957) L'enfant et le monde extérieur. Paris, Petite bibliothèque Payot, 1972

    WINNICOTT (1957) L'enfant et sa famille. Paris, Petite bibliothèque Payot, 1981

    WINNICOT (1969) De la pédiatrie à la psychanalyse. Paris, Petite bibliothèque Payot, 1983

    WINNICOTT (1965) Processus de maturation chez l’enfant. Paris, Payot, 1989

    WINNICOTT (1971) Jeu et réalité. Mayenne, Gallimard, 1999.

    WINNICOTT (1971) La consultation thérapeutique. Paris, PUF, 1988

    WINNICOTT(1974) La crainte de l’effondrement in International Review of Psycho-Analysis

    WINNICOTT (1975) Fragment d'une analyse. Paris Petite bibliothèque Payot, 1979

    WINNICOTT (1984) Déprivation et délinquance. Paris, Gallimard, 1994


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